vendredi 17 avril 2015

Cauchemar

C'est désormais acquis que la grève étudiante 2015 n'aura pas atteint

ses ojectifs: faire reculer le gouvernement Couillard sur un budget qu'il qualifie lui-même de

rigoureux (austère) et endiguer le dévelopement des hyrocarbures au Québec - un enjeu aux

prochaines élections provinciales - (sinon l'économie du pétrol...vouée à mort à long terme, de

toute évidence). Que s'est-il passé?


À consulter les écrits des étudiants grévistes eux-mêmes, l'attention serait maintenant portée sur

les efforts de résistance de l'administration à la perturbation des cours et du libre-mouvement,

jugés contraires à la démocratie étudiante. Car - de l'avis de plusieurs - le droit d'association

dont jouissent les étudiants en facultés à l'intérieur de l'université formerait une base, sinon un

appel moral, à l'existence d'une mouvance étudiante politique.


Le budget présenté par le gouvernement méritait-il une telle tollée? À vrai dire, je n'en sais rien.

Car l'opposition parlementaire n'a pas vraiment eu la chance de faire son travail et nous expliquer

les choses. Et les slogans de rue sont maigres en information. Il était peut-être provocateur et

présenté de façon à irriter l'opposition - car on a sa petite vanité, et les libéraux de Jean Charest

ont quitté la scène dans une mauvaise posture - ou, plus sérieusement, on a tenté de redresser

le language politique, et on s'y tient. Car un des problèmes de fond créé par la menace constante

d'une levée populaire, c'est que l'on est toujours un peu en phase électorale et porté sur la

verbosité. À l'actif du Dr. Couillard, lui ne l'est pas.


Les universités se retrouvent-elles étouffées, par manque de financement? La crise est mondiale:

la montée de facultés professionnelles liés à l'informatique et l'ingénierie bouscule les

études libérales de l'écrit et la réflexion. Ce débat se déroule à Oxford comme à Montréal et

ne devrait pousser personne à prendre les pancartes. L'université Laval laissait savoir l'autre

jour que - faute de moyens - on serait oubliger de couper sur le nombre d'admis. C'est boudeur

comme réflexion. Une petite poussée de vanité là aussi? Veut-on culpabiliser les petits de la

grève 2012 avec l'idée que leur succès sur les frais revient hanter les générations futures.

C'est une notion fausse et honteuse.


Ce qui m'attriste particulièrement en tant que parent, c'est le caractère cauchemardesque de

ce que vivent les grévistes malgré eux : et ne le sont-ils pas un peu tous? Car c'est devenu

un cauchemar éveillé au premier degré: des bouts de discours tirés de divers univers qui

s'imbriguent dans une mésaventure qui défile à toute allure. Et l'on est déjà éveillé.

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