lundi 19 juin 2017

Post industrielle

source: The Washington Post
auteur: Robert J. Samuelson
traduction: GrosseFille

Détresse de l'Amérique post industrielle

Suite à l'élection du Président Trump, un véritable artisanat s'est
développé constitué de journalistes, chercheurs et commentateurs
cherchant à expliquer l'attrait du candidat. Du point de vue théorique, cela
va de la globalisation à un refus de l'élitisme de Washington et au racisme.
Mais on a peut-être passé à côté de  la véritable cause: la société
post industrielle.

Cete dernière a imposé une échelle de rénumération qui crée systématiquement
des inégalités entre la majorité des Américains et la classe moyenne supérieure,
grosso les 20 pourcent les mieux rénumérés avec une barrière d'entrée d'un peu
plus de $100 000. Nous possédons deux nouvelles études qui le démontrent,
quoique sans mention de la société post industrielle.

Voyons voir. Entre 1960 et 2014, les salaires annuels, avec correction pour l'inflation,
chez les hommes oeuvrant comme professionnels ou cadres ont augmenté de
70 pourcent, d'après Stephen Rose dans une étude pour Third Way, une boîte de
réflexion quelque peu gauchiste. Contrastons, les travailleurs d'usine masculins avec
une hausse de 18% pour la même période.

Non seulement les travailleurs masculins peu qualifiés accusent-ils un retard par rapport
aux hommes de classe moyenne supérieure, mais ils se voient aussi dépassés par 'bien
des femmes et minorités raciales' qui aujourd'hui se qualifient pour des postes de
direction et professionnels jadis hors limite. Depuis 1960, nous assistons 'à une baisse
de prestige dramatique chez la classe ouvrière masculine'.

Parfaitement, reprend Richard Reeves à la Brookings Institution dans son nouveau
bouquin Dream Hoarders. 'Il n'y a rien de surprenant dans l'appui au niveau de 58%
pour les Blancs et 67% des Blancs sans formation universitaire pour le candidat Trump'.

'Trop souvent la rhétorique de l'inégalité fait état du problème des '1% supérieurs',
laissant ainsi entendre que l'autre 99% se retrouve dans une situation pareillement
épouvantable, ' soutient Reeves. 'Cette obsession avec la classe supérieure permet
à la classe moyenne supérieure de se covaincre qu'ils rejoignent le reste de l'Amérique;
mais cela s'avère faux....Ceux d'entre nous membres de la classe moyenne supérieure
ne sont aucunement victimes des inégalités accrues. Nous en sommes les bénéficiaires.'

La venue d'une 'société post industrielle' a rejoint le savoir populaire grâce à un
bouquin du sociologue de l'université Harvard Daniel Bell portant ce nom. À l'époque,
l'économie Américaine se voyait dominée, tout au moins symboliquement, par
l'industrie lourde: acier, voitures, électroménagers, a;uminium, mines de charbon et
production de pétrole, entre autres. Mais Bell a su monrer que le secteur industriel laissait place
aux services - détail, soins de santé, tourisme, éducation, divertissement (y compris restauration),
services banquaires et autres services.

Ceci apporterait bien desw conséquences, prédit Bell. Les chercheurs - ou autres -  peinent
souvent à prédire les événements. Bell fait figure d'exception; beaucoup de ses anticipations
se sont réalisées. Entre autres:

La poussée des services allait perdurer.Vrai. Voilà maintenant les deux-tiers de l'économie,
partant que d'une moitié en début des années 70s.

Le travail manuel - en usine, construction, mines - vit sa part réduite de l'emploi total.
Vrai aussi. En 1960, le travail manuel tenait pour 47% de l'emploi masculin, d'après Rose.
En 2014, cette part devenait 27%.

L'éducation devenait un prérequis pour le succès économique - on cherchait les
travailleurs du savoir - et servait aussi de marqueur pour le positionnement social.
À la fin des années 60s, 51% des travailleurs U.S. n'obtenaient pas le Secondaire; en 2014,
le chiffre comparable montrait 9%, renchérit Rose. Sur cette même période, le nombre de
global de diplomés universitaires triple, de 10 à 35%.

Voilà donc la réalité de la rénumération post industrielle. Les travailleurs du savoir -
médecins, avocats, ingénieurs, scientifiques, informaticiens, cadres - ont relativement
amélioré leur position. Mais la disparition des emplois manuels a fait mal aux travailleurs
peu qualifiés -plus de travailleurs se disputent moins d'emplois - et plusieurs emploi de service
(dans les restaurants, les magasins, les hotels) se voient très mal payés.

Pendant les années 1960s, la rénumération de tous les travailleurs avançait au pas, et
la position relative des gens ne changeait pasbeaucoup. Ce n'est plus le cas, admettent
Rose et Reeves. 'Dans les trente ou quarante dernières années, une inégalité de la rénumération
s'est installée aux Etats-Unis, mais seulement au niveau supérieur', nous apprend Reeves.
'On ne rouve aucune augmentation de l'inégalité pour les 80% inférieurs de la population.'

Un certain ressentiment et une perte des illusions sont souvent cités comme sources de la
colère politique. Dans les faits, on a là les conséquences de la déception. Comme le montre la
venue de la société post industrielle, cela devient bien difficile aux gouvernement de contrer
l'évolution économique et sociale. À quel point il serait possible d'agir - et ce que nous ferons -
centrent le débat politique à venir.





Aucun commentaire: