dimanche 11 juin 2017

Horrible

Un article assez troublant mais  informatif est apparu hier sur MSN.
Il s'agit du  travail d'un journaliste affecté à Pyongyang, Corée du Nord,
qui maîtrise le Ncoréen et nous rend compte de la véritable
motivation du régime dans ses essais militaires. Pas si fou que ça du
point de vue stratégique, mais horrible par sa banalisation de l'arme
nucléaire.

Il y a d'autres façons de voir les choses. On sait, par ailleurs, que le passage (temporaire)
dans l'armée des jeunes gens assure l'infrastructure du pays et constitue une forme de
service public. Plus réassurant.

http://www.msn.com/en-gb/news/world/a-new-balance-of-terror-why-north-korea-clings-to-its-nukes/ar-BBBI9Hu?li=BBoPU0R

                                                              *   *   *

source: Associated Press in MSN

auteur: Eric Talmadge, Chef de bureau, Pyongyang

traduction: GrosseFille

Pourquoi la Corée du Nord tient tant à ses armes nucléaires


Tôt un bon matin, Kin Jong Un se tenait bien droit depuis une tour d'observation sur des
rizières près de la frontière Chinoise.

Le chef de la Corée du Nord souriait généreusement à la vue de quatre missiles Scud de longue
portée décoller bruyamment de leur plateforme mobile, et évoquait une comparaison au spectacle
de quatre acrobates en unisson. Quelques minutes plus tard les projectiles s'abîmaient à
la mer près de la côte Japonaise, à 1 000 kilomètres (620 miles) de là.

L'événement ferait date. La Corée du Nord venait de mener à bien  sa première simulation d'une
attaque nucléaire sur une base Américaine.

Ce compte-rendu daté le 6 de mars, que l'on retrouve dans la propagande gouvernementale,
illustre à quel point le programme nucléaire apparament plutôt fou, suicidaire ne serait en fait ni
fou ni suicidaire. Au contraire, nous voici face à la stratégie tout-à-fait délibérée de la Corée du
Nord menant à la survie du Régime en place.

Retournant en arrière à l'ère de Kim ll Sung, le 'Présient éternel' de la Corée du Nord et le
grand-père de Kim Jong Un, le régime pris la décicion de passer par deux éléments pour
assurer sa survie: des missiles sûres, de longue portée et des modestes, mais efficaces, ogives
nucléaires. Pour un petit pays, passablement pauvre, le but semblait lointain et ambitieux.
On a finalement détonné le premier machin nucléaire le 9 octobre, 2006.

Aujourd'hui, la Corée du Nord met à l'essai des missiles balistiques plus souvent que jamais -
un 24 record l'année dernière et trois pour le mois (de mars)  ee cete année. Chaque missile
et chaque machin nucléaire signale un adversaire mieux équippé, mieux entraîné et mieux
préparé. Certains experts avancent même qu'ils seront en mesure de construire un missile
capable d'atteindre le continent US avec une ogive nucléaire d'ici deux ou trois ans.

Oublions donc, pour le moment, à quel point Kim Jong Un et ses généraux peuvent sembler
détachés de la réalité. La Corée  du Nord a su mené deux essais nucléaires l'an dernier, pour un
machin le plus puissant qu'ils n'aient jamais détonné et pour l'autre, au dire de Pyongyang,
une première bombe H. Et l'on passe à une escalation du côté des États Unis tout autant -
avec un avertissement explicite pour Pyongyang, on a avec succès descendu un ICBM parti
d'une île dans le Pacifique avec une missile intercepteur venu de la Californie mardi dernier.

Donc, posons-nous une question: si jamais il y guerre et la Corée du Nord se permet une
attaque nucléaire  préventive sur une base militaire Américaine au Japon - dans la réalité -
verrions-nous les États-Unis s'effondrer et battre en retraite? Y aurait-il une riposte, avec le risque
de perdre Washington, DC dans une vague d'attaques de deuxième génération?

Pour Pyongyang, forcer les États-Unis à admettre cette possibilité a figure de victoire, et
ceci devient une possibilité pour les années du Président Trump au pouvoir.


Levée des rizières

Le lancement à 7:36 a.m. du 6 mars s'est déroulé dans la province de Pyongan du Nord  tout
près du site de lancement pour satellites de Sohae. On a largué des missiles dans l'océan à
quelques 300 à 350 kilomètres du Japon.

Dans son compte-rendu du lendemain, le Rodong Sinmun de la Corée du Nord, le
quotidien du parti au pouvoir, a affirmé ne pas avoir  fait un test de la fiabilité des
missiles, mais bien mené un entraînement des troupes qui seront appelées à
'attaquer les bases de l'aggresseur impérialiste Américain au Japon dans une
urgence'.

En renfort, le Nord a adjoint plusieurs photos de Kim vêtu d'un imper noi ravec à la main
une baguette pour indication à la carte ouverte sur une table de bois montrant la trajectoire des
missiles et autres informations. Depuis le Center for Nonproliferation Studies de Monterey en
Californie, l'analyste Jeffrey Lewis et ses collègues se sont rapidement rendu compte que, avec
un petit ajustement vers le Sud, on aurait ainsi frappé la Marine Corps Air Station, Iwakuni.

Iwakuni, à 50 kilomètres (30 miles) au Sud-ouest d'Hiroshima tout au Sud de la principale île Japonaise, sert de base à 10 000 Américains et Japonais en fonction. On y avait situé le centre organisationel de la guerre de Corée en 1950-53, le 'Gateway to Korea' des forces Américaines et de l'ONU, et demeure à ce jour un des plus larges et importants centres d'activité militaire US au Japon.

De fait, on n'aurait pas besoin de passer au nucléaire pour activer une attaque efficace. L'agent neurologique Sarin ou toute autre arme chimique pourrait causer d'importants ennuis. Mais
une attaque nucléaire sur Iwakuni emmenerait une petite touche psychologique à la guerre des
nerfs dans la région. Les media de la Corée du Nord ont bien mentionné la présence de spécialistes
du nucléaire accompagnant Kim.

'Avant la simulation d'attaque sur Iwakuni, les forces des US et e la Corée du Sud menaient
des exercises militaires conjoints, avec des F-35 de garde à Iwakuni' nous apprend l'analyste David Schmerler qui travaille aux côtés de Lewis. 'Les US et la Corée du Sud faisaient une pratique en cas de conflit sur la Péninsule et, voilà que, la Corée du Nord pratiquait leur attaque'.
La répétition faisait oeuvre d'une décapitation avec F-35s furtifs de Kim Jon Un et de ses haut-placés.
Kim, pour sa part, répétait les anéantir le premier.

Le passage à l'acte nucléaire: trois scénarios

La notion héritée de la Guere Froide d'une destruction mutuelle assurée qui a servi à empêcher les ÉU et la Russie de s'anéantir reposait sur un 'équilibre de terreur' encourageant le ménagement:
dès que chacun a atteint un certain niveau de pouvoir destructeur, aucun ne songe à attaquer l'autre parce que la destruction mutuelle est certaine.

La Corée du Nord ne jouit pas de cet avantage. Une guerre dès maintenant pourrait la voir
détruite. Et c'est ainsi depuis des décennies.

Mais voici le pépin pour les ÉU et leurs alliés. Dans l'éventualité de l'existence d'ICBMs
capables de rejoindre le continent Américain, la dynamique devienrt extrêmement volatile.

Une Corée du Nord armée du nucléaire se verrait avantagée à passer au nucléaire rapidement et de le faire en premier si elle croyait, vrai ou faux, qu'on se préparait à l'attaquer. Mais ceci
pousse aussi les ÉU à vouloir frapper le premier, ne voulant pas perdre l'avantage sratégique
après une mauvaise surprise sur ses bases ou villes.

Donc les deux joueurs ont de bonnes raison de passer à l'acte.

Bruce Bennett, expert reconnu sur la Corée du Nord et analyste pour la Défense à la Rand corporation, nous offre trois scénarios possibles: 
  • Voyons le cas dans lequel la Corée du Nord possède un important arsenal nucléaire et peut les lancer d'un sous-marin ou base terreste inconnue. Dans la peur d'une attaque Américaine, elle lance une attaque sur le port Sud Coréen de Busan, et informe les ÉU que face à une ripostenucléaire, certaines ville américaines seront touchées.

Donald Trump, ou son successeur, s'arrêterait-il? Peut-on risquer perdre Los Angeles ou Chicago dans la défense des alliés des ÉU?
  •  Ou encore la Corée du Nord mène un autre essai de missile balistique semblable à celui du 6 mars. Sauf que cette fois-ci, une ogive nucléaire présente sur un ou plusieurs missiles s'enflamme, emmenant ainsi quelques engins commerciaux ou des bateaux cargos. Ceci servirait à convaincre tous et chacun  que la  Corée possède le nucléaire et n'a pas foird aux yeux.

Est-ce que Trump répondrait par une attaque nucléaire sur le Nord?

  • *Maintenant, imaginons une guerre sur la Péninsule Coréenne. Le Nord, dans le but de convaincre les ÉU de ne pas intervenir, lance un ICBM qui semble ne pas se rendre tout-à-fait, bien à l'ouest de la Californie. Mais dans sa descente, il y a une explosion nucléaire, avec possiblement quelque dommage sur le territoir Américain. Pyongyang se permet alors de mettre les ÉU en garde d'une véritable riposte si les ÉU s'imminisaient dans le conflit.

'Le poids de l'histoire repose sur les épaules du Président Américain, comment  répondre?'
nous demande Bennett. 'Comment devrait-il répondre?'

Marche au pas-de-l'oie vers la vistoire finale?

Nous voici en pleine matinée le 25 avril, 'Journée du soleil', le 105ième anniversaire de la naissance de Kim ll Sung.

Quelques 100 000 personnes sont rassemblées à la place Kim ll Sung avec bouquets de plastique et cartes lettrées à la main, configurant des motifs tels ceux du parti au pouvoir, soit marteau, faucille et brosse quand perçus de la Maison de la connaisance du peuple. Là où se trouve Kim Jong Un.

Kim se réjouit à la vue de son armée de un million qui passe au pas d'oie dans 'l'unité d'une
détermination unique'. Il sourit et applaudit à la plus grande variété de missiles et véhicules de transport jamais assemblée par le Nord.

Le message véhiculé par la parade, au profit de journalistes du monde entier, semble clair.
La Corée du Nord peut maintenant, ou pourra bientôt, lancer une attaque préventive sur une
cible régionale.  Elle se prépare à survivre une attaque de riposte au besoin,  et construit l'arsenal nécessaire à une seconde vague d'attaques, cette fois-ci sur le continent Américain.

À l'opposé de l'Union soviétique, la Corée du Nord ne saurait annihiler les États-Unis. Mais en passant ces trois étapes, elle peut très bien détruire une base militaire dans la région ou une ville sur le continent Américain.

Cette perspective d'un nouvel 'équilibre de la terreur'  atteignit son apogée avec le passage des six
missiles pour sous-marin 'Pukguksong' et leurs cousins terrestes 'Pukguksong 2', qui firent trembler
l'asphalte.

Rien ne bat un sous-marin comme arme furtive, car mobile et très difficile à détecter. On
pense que le Nord possède un sous-marin balistique expérimental, que l'on pourrait armer. En même temps, le Pukguksong 2 représente une avancée considérable sur le terrain. On s'y sert d'un carburant solide, donc cela peut aller en storage et se cacher, prêt à un lancement rapide et facile à transporter sur un tout-terrain pour mise en service loin des routes. Kim Jong Un en a commandé
une production de masse.

S'ensuivit la grande nouveauté.

Personne n'a su reconnaître de quoi il pouvait bien s'agir avant le premier essai un mois plus tard le 14 mai, pour un trajet de 2 111 kilomètres en altitude (app 1 240 miles)  - plus élevé que certains satellites en orbite basse. L'engin resta 30 minutes dans les airs avant de redescendre dans le Pacifique. Avec grande cérémonie, les média font l'éloge d'une arme 'parfaite' capable de
contenir 'une ogive nucléaire de grande envergure'.

Plusieurs analystes s'entendent que ce missile - que le Nord nomme Hwasong 12' - pourrait mener vers l'ICBM nécessaire pour attaquer le continent Américain. . Là encore, Kim Jong Un se déplaça pour le lancement tôt le matin. Il a serré ses fiers scientifiques dans ses bras et, d'après les média officiels, aurait mentionné qu'il pouvait désormais s'en prendre aux ÉU  avec 'une arme de riposte toute-puissante'.

De la bravade. Pour le moment. La portée du missile serait de 4 500 kilomètres (2 800 miles), plus ou moins.

Mais, vu autrement, on se rapproche sensiblement de Chicago.

                                                            *     *     *

Le New York Times nous propose pas mal de lecture sur la cyberguerre en cours:

https://www.nytimes.com/2017/06/12/world/middleeast/isis-cyber.html?&hp&action=click&pgtype=Homepage&clickSource=story-heading&module=first-column-region&region=top-news&WT.nav=top-news&_r=0






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