vendredi 9 juin 2017

Bagehot

Le revers de Mme May aux élections britanniques laisse songeur.
The Economist offre une analyse en termes de passage à la politique
des valeurs, un peu comme aux ÉU. (Et c'est signé Bagehot - éditeur
au 19ième siècle)!?

Traduction à venir

http://www.economist.com/news/britain/21723197-election-reveals-astonishing-changes-political-landscape-culture-wars-arrive

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 source: The Economist, Bagehot

traduction: GrosseFille

GUERRES CULTURELLES POUR LA GRANDE-BRETAGNE
 
L'élection laisse entrevoir un chamboulement du paysage politique

Le Brexit devait nous ramener à nous-mêmes. Libérée de l'Union
Européenne, notre race insulaire devait retrouver son génie naturel et
renouveler avec ce mélange de nationalisme et globalisme qui lui est propre.
Dans les faits cette élection illumine quelque chose de bien différent: divisée
et sonnée par le Brexit, la Grande Bretagne resemblerait de plus en plus à
l'Amérique.

Les trente dernières années ont vu une transformation de la vie politique
Américaine depuis une politique des classes sociales vers une politique des
orientations sociales. En décennie 1970, les Républicains se composaient des
riches et de ceux qui le deviendraient et les Démocrates des travailleurs. À
partir de là, les valeurs ont supplanté l'appartenance de classe. Ronald Reagan
à invité les travaillistes Démocrates  au parti Républicain en faisant le jeu
des valeurs traditionnelles. George H.W. Bush a fait offices des trois G - God,
guns and gays, ie Dieu, le port d'armes et un refus du marriage gai - pour assoir
son entente avec les travailleurs. Et c'est sous George W.Bush que l'Amérique
s'est lancée dans une véritable guerre culturelle: les Républicains forgent une coalition
entre Evangelicals, les conservateurs travaillistes et les gens d'affaire tandis que
les Démocrates répondent d'une coalition de travailleurs du savoir, de minorités
ethniques et de libéraux de tous genres.

À cette division culturelle s'est ajoutée une départition entre générations: les
électeurs plus jeunes, en paticulier les femmes, se sont portées vers les Démocrates.
ainsi qu'unclivage géographique. Le parti Républicain s'est renforcé dans les provinces
(banlieues, grandes banlieues et zones rurales) tout autamt que les Démocrates dans
les villes. On observe aussi une division grandissante entre les zones côtières Démocrates
et le centre Républicain et entre le Sud Républicain et le Nord-Est Démocrate.


Cette élection suggère que la Grande-Bretagne se mue de façon analogue. Une
étude de la carte éléctorale à travers le prisme de classe renvoie une idée
confuse. Les Tories ont bien conservé leurs terres riches de l'intérieur. Mais ont
perdu la richesse de la ville, prenant Battersea à Londres comme example. Ils
ont aussi mieux performé dans certaines régions ouvrières, et même remporté
des sièges travaillistes de longue date, tels Derbyshire North-East et Stoke-on-Trent
South. Le parti travailliste a fait des percées remarquables dans des endroits de riches:
à Londres et autres cités, en particulier cités universitaires. Les acquis sont moins nets
dans des régions carrément Labour.

Cette élection prend son sens examinée par le prisme des valeurs. Les Tories deviennent
le parti des bonnes vieilles valeurs Britanniques: patriotisme, autonomie et méfiance
envers les étrangers -surtout ceux qui souhaiteraient s'ingérer. Ces façons de voir unissent
les classes moyennes des Shires et les plus vieilles classes ouvrières du Nord post-industriel.
Labour, dans tout ça, se transforme en parti cosmopolite: multiculturalisme, compassion, refus du
Brexit. Ces idéaux rassemblent des gens qu'on n'aurait pas pensé:  musulmans piétistes
du Perry Barr,Birmingham; étudiants à la corde au Newcastle; avocats millionaires d'Islington;
ingénieurs ferroviaires du Dagenham.

La division sur les valeurs serait donc régionale. Le Labour prospère dans les grandes
villes. Le Labour Party sous Jeremy Corbyn serait avant tout le parti de Londres:
Islington North pour M.Corbyn, Emily Thornbury, son choix parlementaire aux Affaires
Extérieures, se paie le siège adjoignant. En même temps, les Conservateurs battent
en retraite: Justine Greening, Secrétaire à l'Éducation, voit sa victoire de Putney passer
de 10 000 à 1 000 voix et Jane Ellison, Secrétaire financière à la Trésorie, perd son siège de Battersea. Bien que battant retraire dans la métropole, les Conservateurs rafflent des sièges
inespérés dans des régions post-industrielles de la Grande-Bretagne.

Ce passage à la politique idéation montre un caractère paradoxal. On a fait
le calcul chez les Tories que ce nouveau type de politique avantagerait la droite -
Theresa May en a même remis en déclarant à la conférence de parti des Tories en
2016 que 'se croire citoyen du monde en revient à citoyen de nulle part. C'est ne pas
comprendre la notion de citoyen'. Nicholas Timothy, un de ses directeurs de cabinet
et guru de prise de position, faisait crédence que l'on pourrait convaincre les électeurs
de classe ouvrière en mentionnant les valeurs traditionnelles et le patriotisme. Mais
le Parti a ainsi perdu de vue qu'avec 'citoyen de nulle part'  on pouvait perdre plus d'électeurs de classe moyenne en même temps. Le Labour Party voit à sa direction deux marxistes avoués: M. Corbyn et John McDonnell, Chancellor pour fin parlementaire, donc prenants d'une conception
de l'histoire matérialiste.Et voià donc que ceux-ci président une coalition largement
tenue par ses idéaux sociaux.

La valeur du vide
On notera une particuliarité de cete élection sur les valeurs: l'absence de la
classe d'affaire. Le Business a toujours formé un groupe très loyal aux Tories.
Cer derniers se présentent souvent en tant que Parti des gens d'affaire, s'appuyant
sur ses positions de taxation réduite, création d'emplois et régulation légère, et
les gens d'affaire les appuient. Mais pas cete fois-ci. Les Tories semblent avoir emprunté
bien des mesures anti-affaire du manifeste Labour sous Ed Miliband de 2015, soit
des plafonds aux prix pour l'énergie, des travailleurs sur les conseils et des maximums
à la paie des dirigeants. L'insulte cinglante envers les 'citoyens de nulle part' pourrait
bien inclure les habitués de Davos. On est demeuré plus ou moins silencieux - sans doute,
sous le choc d'un tel revirement de l'allié de toujours, mais aussi par profonde inquiétude
par rapport au Brexit. Mme May déclarant que l'on pouvait bien réduire l'immigration
à quelques dizines de mille et que aucune entente serait une issue préférable à une
soi-dite mauvaise entente peut bien éloigner le Tory Party de ses partisans les plus loyaux.

Une politique sur les valeurs excite. Les émotions montent comme jamais. Mais cela peut
devenir dangereux. Le spectacle de politique Américaine des décennies récentes rend
soucieux. Dans cette guerre des cultures,  les tribus ne s'adressent plus la parole.
On a donc rendu difficile - voire impossible - l'approche à certains problèmes tel le Budget.
Et on remarque un déclin de la qualité de vie dans la sphère publique; on s'excite à recruter
des électeurs mineurs chez les Républicains au point d'élire Donald Trump, un Président
qui n'a aucunement peur de diviser le pays et se payer des victoires accomodantes.
La Grande-Bretagne s'engage dans un sentier dangereux.


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