lundi 30 juillet 2018

Sur Mars


source: Wired
auteur: Adam Rogers
traduction: GrosseFille

Et bien non, les Geeks: la biosphérisation martienne
n’est peut-être pas possible

Atention. J’ai bien compris. Vous voulez vous rendre sur Mars. Moi
aussi je veux bien (un tout petit peu). Et le projet - tout bon. Une
fusée avec  de gens. Une base sur la lune. Et puis plus de fusées et 
plus de gens. On fabrique du barburant sur la surface, quelques dépots 
en cours de route. Un avant-poste devient une base devient une cité
sous dôme. Suivi de : la biosphérisation.

Ramener Mars à la vie, lui fournir un nouvel atmosphère avec ce qui reste dans ses sols - 
du dioxide de carbone, sans doute - afin d’augmenter la pression atmoshérique, se fier à 
l‘effet de serre (pour rappel, le réchauffement climatique)
pour chauffer les choses suffisament que la glace, prise sous terre, fonde et
fasse un grand retour. Des océans, De l’air! Peut-être même respirer, mais tout au moins 
pour que l’on n’ait pas à se balader dans une combinaison spatiale. Boom
(avec une valeur de ‘boom’ = 10,000 ans, plus ou moins). Un petit effort pour
faire monter la gravitaion, et nous voilà lancés vers la Révolution Terrien-Martien
Colonie promise par les purs et durs de la science-fiction.

Ce n’est pas complètement fou. Déjà en 1971, Carl Sagan, symbol de la pensée
scientifique fiable, faissait l’éloge de ‘ingénierie planétaire’, voir faire fondre les vapeurs d’eau
des glaces polaires martiennes afin de créer ‘des conditions plus clémentes’. Vingt
and plus tard, l’astrobiologiste Christopher McKay poursuivait  pour suggérer que la
biosphèrisation de Mars serait possible pourvu que l’on puisse trouver suffisamment de 
dioxide de carbone, eau et azote passibles d’être volatilisés et injectés dans l’atmosphère.

Mais certains scientifiques à l’étude de Mars seraient enclins à démentir ce fantasme
d’une bulle à fermeture hermétique, avec cycle d’oxygène et protection des radiations. 
Si cette nouvelle analyse s’avère juste, les conditions sur Mars rendent impossible 
d’imaginer les technologies existantes pouvant aboutir d’un jardin d’allure terreste.

‘Nous sommes parvenus à établir pour la première fois un inventaire passablement 
propre du CO2, sur Mars’ indique Bruce Jakosky, scientifique planétaire oeuvrant à
l’université du Colorado et co-auteur, avec Christofer Edwards de l’université Northern 
Arizona, de la communication. ‘L’essentiel s’est perdu vers l’espace, un petit peu vers 
les calottes polaires et des minéraux porteurs de carbone peu profonds, et une quantité 
inconnue vers les carbonates profonds. Même en ajoutant les parcelles de CO2 de surface 
des roches - ‘adsorbées’ sur surface - et quelques autres prisonnières des molécules d’eau 
appelées clathares, le compte n’y est pas. ‘Même en siffonant tout vers l’atmosphère, il n’y a 
pas assez d’eau pour chauffer la planète,’ nous apprend Jakosky.

La pression atmosphérique sur Terre se chiffre à environ 1 bar; et on aurait besoin d’à peu 
près cette quantité de CO2 sur Mars pour se hausser au point de congélation;
même 250 mbar changerait le climat. Par le passé, Mars possédait cette quantité et plus - 
la géologie et la morphologie de surface nous laissent deviner la présence d’eau à l‘état liquide
sur la surface dans un passé éloigné, ce qui veut dire qu’il devait faire assez chaud avec une 
pression suffisante pour soutenir cette présence. Une planète avec les mêmes proportions que 
la Terre et Vénus, d’après Jakosky, et on s’attendrait à y trouver 20 bars queques part - soit 
minéralisés en carbonates, emprisonnés dans les glaces polaires, mais là. ‘Depuis 40 ans 
d’effort scientifique sur le problème Martien, on cherche des dépôts de carbonates qui se doivent 
d’exister car le CO2 a bien dû loger quelque part’ il enchaîne. ‘Descendu dans la croute, il
deviendrait peut-être possible de l’extraire. S’il y a eu mouvement vers le haut et
perte en dehors de l’atmosphère, c’est bien perdu.’

Des données récentes radar nous livrent de nouveaux chiffres pour le CO2 près
des calottes polaires. Le Mars Reconnaissance Orbiter a trouvé pour la distribution des 
carbonates. La sonde Mars Atmosphere and Volatile Evolution (Maven), en orbite depuis 
2014, comptabilise le gaz perdu dans l’espace. (Jakosky a fait office de chercheur principal 
pour cette mission). Et les résultats ne sont pas beaux, pour eux qui
rêvent de biosphérisation.

Les calottes polaires valent 15mbar. Le strip-miming du carbonate moins de 15 mbar;
on se rend au 150 mbar avec effort. Les gaz adsorbés vers le régolithe? un humble 40 
mbar même en traitant toute la saleté sur Mars à une profondeur de 100 mètres. 
‘Il nous serait impossible de dépasser les 40 ou 50 mbar, et ceci ne représente pas
suffisamment de pression, et pas assez d’influence sur la température,’ d’après
Jakosky. ‘On pourrait à terme augmener par un facteur de deux ou trois, mais même à
ce niveau on reste loin des quantités requises pour un réchauffement perceptible.’

Soupirs.

Mais... il a peut-être tort. Pionnier de la biosphérisation, Christofer McKay ne perd pas
espoir. ‘La question de fond sur la biosphérisation tient à la quantité de CO2, N2 et H2O
disponible sur Mars. Il n’y a rien ici de nouveau sur la question,’ nous email McKay.
Les résultats Maven de Jakosky font états d’une certaine perte de dioxide de carbone,
mais pas totale. Il en reste peut-être, poursuit McKay. ‘Il persiste une grande incertitude sur la 
quantité de CO2, sous la surface. Nous n’avons pas l’information suffisante et
nous devons percer plus profondément pour y parvenir.’

C’est bien vrai que Mars nous réserve encore bien des surprises - comme l’annonce
la semaine dernière d’une mer d’eau salée liquide sous un pole l’atteste. Bref, ces
chiffres nouveaux-nés ont peu d’effet sur les vrais enthousiastes de l’aventure Martienne. 
Robert Zubrin, président de la Mars Society et auteur de The Case for Mars,
prétend que les chiffres de Jakosky font preuve de ‘pessimisme systématique’.
Zubrin n’a aucunement besoin d’un bar. Seulement 300 mbar suffirait. ‘Cela
équivaut à la pression sur Everest. ‘À deux cent millibar, on se débarasse des
combinaisons. Cela veut dire que l’on peut envisager des espaces sous dôme
où le niveau de pression à l’intérieur serait le même qu’à l’extérieur,’ poursuit Zubrin.


Zubrin et McKay s’entendent aussi qu’une version plus charitable de l’hypothèse
nous présente une image plus avenante. Des gaz à effet de serre artificiels -
possiblement de la famille des chlorofluorocarbones à partir du chlore présent en
abondance dans le régolithe Martien, ou encore quelque chose de plus exotique et
rapide, un ‘super gaz à effet de serre’, pourrait accomplir la tâche. Si on savait les 
produire. E les répendre. Tout en s’assurant qu’il n’y aurait aucune destruction
du petit peu d’ozone restant, et que la radiation ultra-violette ne pourrait se joindre au 
cocktail existant de radiation néfaste sur une planète Mars dépourvue de magnétosphère.

(À noter: si vous êtes d'avis que l'on pourrait bien transformer Mars,
vous êtes aussi persuadé que le changement climatique ressort de
l'activité humaine, car il est question du même processus. Même s'il s'avère
impossible d'opérer une biosphèrisation de Mars, on peut parler d'une aérotransformation
des latitudes moyennes de la terre, car c'est ce que nous faisons.)

(Doublement important: la présence d’eau sur Mars fait monter faiblement la possibilité
d’y rencontrer quelque chose de vivant. Une reproduction du vivant terreste sur
une planète qui comprend déjà son propre vivant ouvre la voix à des considérations
éthiques qui devront accompagner celles de science et technologie.)

Ce qui pose une question à trois volets: Pourquoi? ‘On s’éloigne ici de la science, mais
je me permettrais de reconsidérer la biosphèrisation,’ avance Jakosky. ‘L’arguement que 
nous avons besoin d’une planète de rechange au cas de problèmes graves avec celle-ci de 
notre propre chef, ou venant d’ailleurs, me semble faible. C’est plus facile
de prendre soins de celle-ci et d’y trouver un climat raisonable que de procéder à un
changement de l’environnement sur Mars.’

Faire de l’exploration? Bien sûr. Base scientifique en permanence? Absolument.
Mais des villes? des océans? de canaux? Prenons un grand respir car - dans la réalité -
rien de tout cela n’est possible ailleurs dans l’univers.


https://www.msn.com/en-us/news/technology/mars-is-frigid-rusty-and-haunted-we-can’t-stop-looking-at-it/ar-BBLhyMH?ocid=spartandhp

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