lundi 16 juillet 2018

Rencontre d'Helsinki (The Atlantic)

source: The Atlantic

auteur: Mark Galeotti

traduction: GrosseFille

Les Dangers d'une Entente avec Putin


À quoi s'attendre d'une rencontre entre The Art of the Deal et la
pensée stratégique du Kremlin. Partant de l'idée que, pour citer
un employé dépressif du NSC (National Security Council), 'notre travail
consiste à gérer le monde réel ainsi que celui du Président, ' le véritable
enjeu ne serait pas que Trump en donne trop à Vladimir Putin lors d'une
rencontre à Helsinki la semaine prochaine - mais plutôt la réaction de
Washington si jamais il s'y essayait.

Bien connue l'affection que Trump porte aux autocrats, notamment le leader
Chinois Xi (dans un tweet de Trump, 'nous serons toujours amis') ainsi que
Kim Jong-un de la Corée du Nord ( qu'il qualifie de 'futé'). Et voilà que, son fort désir
de rencontrer Putin semble découler non seulement de l'idée qu'ils auraient un rapport
certain. Mais aussi une réflection de vouloir se présenter en grand stratège global.

Résultat, il devra s'en sortir en clamant haut et fort à une entente quelconque. Bien sûr,
rien de bien nouveau là -quand des Chefs d'États se rencontrent, on en gagne normalement
une déclaration, fumée qui rend tout le tralala plausible. Mais pour Trump, avec son
inéluctable mélange d'arrogance et d'insécurité, et au fait de la dérision de la part d'une bonne
tranche des US et des classes politiques mondiales dont il fait l'objet, le besoin sera
d'autant plus fort.

Ce qui place Putin dans une situation avantageuse dès le départ. Une simple rencontre
d'égal à égal avec le Président des ÉUs a figure de victoire pour le Chef d'un État
quasi-honni dont l'économie serait moins forte que celle du Michigan. Il gagne à la
première poignée de main. Et cela l'aide de comprendre que Trump a besoin d'une
entente, même si seulement en apparence.

La question devient alors, quelle sera cette entente, et peut-on s'attendre à quelque
chose de positif pour l'Amérique?

Difficile de se convaincre que Trump pourrait accepter un simple communiqué à
l'effet de coopération sur le terrorisme, baisse des tensions en Syrie, et même pourparler
d'avant pourparler sur le contrôle des armements. Putin, pour sa part, voudra plus aussi.

On sait par ailleurs que Israel, et autres alliées des États-Unis du Moyen-Orient
lobbyent fortement pour une gage de Moscou d'évincer l'Iran de la Syrie. On oublie
vite tout ça, improbable que Moscou voudrait ou pourrait s'y plier, que pourrait
bien faire office d'objet d'échange? Pour l'Ukraine et ses alliés occidentaux, on s'inquiète
sur une concession sur la peninsule de la Crimée, annexée pa rla Russie en 2014 dans
une manoeuvre jamais reconnue par les EUs, qui serait le prix à payer pour Moscou.

Bien sûr, le rêve de Putin reviendrait à une magnifique entente, genre Yalta2.0
dans la lignée de celle à la fin de la deuxième Guerre Mondiale qui avait  dessiné
des sphères d'influence occidentales et orientales. Cette optique laisse la Russie libre
d'agir dans des pays tels l'Ukraine et la Georgie, lui accorde le respect qu'elle juge être
son dû bien mérité. Ce serait un bien mauvais 'deal', axé sur une perte d'autonomie
 pour les malheureux pays que le Kremlin considère ses 'zones d'intérêts privilégiées'
au nom de guaranties louches et impossibles à policer portant sur une fin d'interférence
dans la vie politique occidentale et au Moyen-Orient.

Si on se fie aux tweets anti-Européens et aux attaques sur la paresse financière de
l'Europe au sein de l'Otan, on pourrait penser que Trump pencherait dans cette direction.
On sait qu'il ne se soucie guère du détail, et deviendrait ainsi un grand joueur dans
l'élaboration d'un nouvel ordre mondial.

En fait, on néglige ici le troisième partenaite de cette rencontre: l'administration américaine.
Trump peut très bien rencontrer Putin dans la présence d'un simple interprète; il peut
nommer ses hommes de confiance et sosies à des postes de responsabilité;il peut se plaindre
à qui veut l'entendre sur l'état à l'intérieur de l"État. Mais il ne peut gouverner sans ses
fonctionnaires.

Pour rappel, pendant que Trump flatte Putin, son gouvernement a mis à la porte des espions
Russes, porté des sanctions sur Moscou, et vendu des missiles de haute perfromance
pour la défense de l'Ukraine d'aggressions futures. Maître de son compte Twitter, Trump aura
aussi ses fonctionnaires et un congrès moins qu'élogieux sur la Trumpophilie en éveil et
prêts à intervenir si jamais il s'aventurait trop loin.








r

Aucun commentaire: