lundi 2 juillet 2018

Internet

source: The Economist
le 28 juin, 2018
traduction: GrosseFille

Comment Réparer les Errances de l'Internet


L'internet se devait de rendre notre monde moins centralisé, mais le contraire
s'est produit. Ludwig Siegele nous en explique les conséquences, et comment y
remédier.

L’Internet aurait-il failli? Depuis son bureau du Collège Christ Church, Oxford, Sir Tim 
Berners-Lee, l’inventeur du World Wide Web, répond aisément: «Je ne suis pas prêt
à admettre une faillite du Web, mais on a quand même manqué la cible vers une société 
positive et constructive.»

Il y a vingt ans, il aurait récusé l’idée que l’Internet et le Web puissent aboutir à autre
chose qu’un monde meilleur. De son autobiographie des années 1990, Weaving the Web,  
on retiendra: «L’expérience d’avoir été témoin de l’émergence du Web grâce aux efforts 
anonymes de milliers de gens m’a imbu d’un grand espoir... collectivement, nous savons 
façonner le monde que nous voulons.»

Avant il y a quelques années, la plupart des utilisateurs, auxquels on demanderait
leur opinion de l’Internet, auraient déballé une liste de choses qu’ils aiment bien - ils
peuvent rester en contact aves des amis, avoir un accès instantané à une énorme
quantité d’information, l’émergence de l’innovation, jusqu’à la lutte aux régimes 
autoritaires. Et par certaisn aspects, on a vu un énorme succès. Un petit quart de 
siècle après l’avènement du premier fureteur Web, à peu près la moitié de la population
mondiale se trouve branchée. Mais à l’instar de Sir Tim, plusieurs sont devenus critiques, 
du fait de la création de la dépendance, de l’appropriation des données de tous un 
chacun et du pouvoir des méchants trolls et hackers ainsi facilités.

Au coeur de ce réveil brutal, notre reportage spécial veut avancer, que l’Internet se
trouve maintenant beaucoup plus centralisé ( au dire de la terminologie tech) qu’il ne 
l’était il y a que dix ans. À la fois dans les pays de l’Ouest et en Chine, les activités 
rendues possibles par ce réseau de réseaux subissent la domination de quelques géants, 
notamment Facebook et Tencent. Dans son dernier ouvrage, The Square and the Tower
Niall Ferguson, historien, explique que ce motif - un nouveau réseau envahissant à son 
tour cloué par une nouvelle hierarchie - aura plusieurs précédents
historiques. Parmi les exemples l’invention de l’imprimerie et même la Révolution 
Industrielle.

En même temps, on retrouve beaucoup plus de contrôle au coeur même de l’Internet.
Quand l’accès se faisait principalement par le biais des ordinateurs de bureau ou des
portables, l’utilisateur pouvait toujours découvrir un nouveau service et s’essayer par
lui-même. Aujourd’hui l’accès se fait principalement par les téléphones et tablettes
qui retiennent les utilisateurs dans des espaces confinés, ou jardins à murs, au final
ausii intéressant qu’une chaîne de télévision. Les concepteurs de systèmes d’exploitation 
pour mobiles auront toute possibilité de décider, par le biais de leurs
magasins d’applis, à quels services les propriétaires de téléphones intelligents auront droit. 
Autre point de contrôle par le Nuage, qui de par sa nature met un tiers en charge des 
applis et les données associées. Tandis que les gouvernements, longtemps absents de 
l’Internet, ont maintenant un certain contrôle sur de larges segments du réseau, se servant 
des compagnies Internet comme agents, par exemple pour bloquer certains contenus.

Nous nous retrouvons donc avec, plus ou moins,  le contraire de l’intention des premiers 
Gourous de la cybersphère. Le premier envoi sur l’Internet près d’Il y a un demi-siècle, le 29 
octobre 1969, appartenait à un sytsème ‘biaisé vers la décentralisation du pouvoir et la liberté d’action’, remarque Tochai Benkler de l’université Harvard. Ceci largement du à ses racines technologiques. Enfant de la Guerre Froide, l’Internet avait pour fonction de relier différents
réseaux et ordinateurs afin qu’ils puissent quand même communiquer dans l’éventualité que
les liens centraux se brisent, disons dans le contexte d’un affrontement nucléaire. «On
cherchait à ce que tout relié au Net le serait à tout autre également relié,» explique Vint Cerf,
un des ingénieurs des protocoles de communication (il travaille aujourd’hui pour Google).

Pour ce faire, M. Cerf et ses collègues ont mis sur pied un internet ‘sans permissions’,
dans le langage d’aujourd’hui. Tout réseau ou ordinateur peut s’y joindre au simple fait 
de respecter les protocoles. Des paquets de données circulent d’un réseau à l’autre, peut 
importe le contenu. Cette architecture libre a servi d’inspiration à Sir Tim pour 
l’élaboration du Web embarqué sur l’Internet.

Ces protocoles s’allient à des organisations permettant l’évolution des règles, ainsi que
des programmes qui les rendent possibles, sans être capturés par des intérêts quelconques. 
Nous avons donc l’Internet Engineering Task Force, dont la philosophie directrice est 
exprimée par David Clark, l’un des fondateurs: «Sont bannis les rois, les Présidents et 
le vote. Nous faisons confiance: au consensus de rigueur et au code performant.»

Cet apport de règlementation technique ouverte et gouvernance flexible a donné lieu à
une grande créativité et énormément d’innovation. Depuis les années 90 mitoyennes, 
on a recensé des millions de sites Web et des dizaines de mille Startups. Même après
la fin de la bulle d’investissement en 2000, l’activité créative a continué, sous la forme 
de blogs. Les utilisateurs ont accompli le rêve de Sir Tim: publié sur le Web en se liant 
les uns aux autres, et investi une conversation virtuelle.

L’Internet d’aujourd’hui a bien changé. Les connections permettant le transfer 
d’information existent toujours, ainsi que les protocoles, mais les extensions qui 
ont vu le jour pèsent pour plus que le réseau d’origine: des milliards de téléphones 
intelligents et autres appareils, et des facilités de traitement du Nuage grands comme
des terrains de foot, pour de quantités de données inimaginables. La meilleure image
pour comprendre serait d’une énorme collectons se silos de données, avec tuyaux
entre eux, en lien avec avec mains appareils à qui onl ivre des services et desquels
on extrait des données.

La centralisation de l’Internet and l’importance accrue des données livre ce que Frank Pasquale de l’université du Maryland, dans un article récent publié au American Affairs,
a nommé un «Jeffersonina/Hamiltonian divide» parmi les critiques de la Big Tech. Un
des deux appartient à la tradition de Thomas Jefferson, père fondateur de l'Amérique, 
qui voyait un gouvernement restreint and peu de concentration dans les milieux d’affaire. 
On prône ici de modérer les titans de la Tech par des lois anti-monopoles, y compris
fragmentation au besoin. Le deuxième groupe raisonne dans la tradition de Alexander Hamilton, autre 'founding father', qui voulait de fortes instituions centrales, à la fois politiques et dans l,économie. On estime ici que pour bien profiter de l’Intelligence Artificielle et assurer 
la distribution de ses bienfaits, les géants devraient avoir figure d’équipements publics.

Jefferson vs Hamilton

Cette façon de voir nous aidera aussi à comprendre comment on réagit à la centralisation 
en général. Les Jeffersons s’inquiètent qu’un Internet centralisé offrira moins de jeu à 
l’innovation. Il reste bien vrai que les géants du Net sont eux-mêmes de
grands novateurs, mais ils servent aussi à amenuiser les efforts ailleurs, et moins de
nouveautés voient le jour. Chez les investisseurs Capital-risque on se réfère aux ‘zones
de mort’, secteurs dans lesquels ils refusent d’investir sachant bien que l’un des gros 
joueurs risque de ruiner tout startup ou les acheter à prix dérisoire.

Les conséquences de la centralisation galopante seront aussi troublantes, si moins visibles. 
Les jardins à murs limitent la liberté d’expression, comme nous le montrent bien les efforts maladroits de Facebook à jouer la police chez les siens. Qu’il n’yait que quelques plateformes 
où s’introduire facilite la vie aux trolls Russes et leurs analogues de l’Ouest de se mêler 
d’élections et répandre de fausses informations.La concentration de grandes quantités de 
données sur les personnes rend une fuite plus sérieuse. En example le scandale Cambridge 
Analytica qui a acquis des informations sur 87m d’utilisateurs Facebook en toute discrétion 
(ils ont dû fermer depuis). Les platformes dominantes font aussi l’affaire en espionnage, 
rappel aux révélations 2013 de Edward Snowden, ancienement de la CIA qui a fuité de 
grands pans d’informations secrètes. Les services de renseignement n’avaient qu’à accéder à quelques Nuages pour trouver. Et ces géants ne manquent pas d’argent pour influer
sur les politiques. 

Tout de même règne chez les Jeffersons actuellement un sens de possibilités. Dans 
les conférences tech, on se sent un peu comme en 1995, à l’arrivée d’un nouveau
type de logiciel appelé fureteur qui a pris la vedette, et ainsi l’Internet. Actuellement
les plans ambitieux se tournent vers la technologie blockchain (des registres immuables
de la sorte bitcoin et autres crypto-monnaies), avec l’espoir de de-centraliser
l’univers branché.

Chez les Hamiltons, en contraire, on met de l’avant que sans les interfaces gratuites
et faciles d’accès des sociétés telles Google et Facebook, il y aurait beaucoup moins 
de gens en ligne. Sans les Nuages, qui permettent de traiter d’énormes quantités de 
données, on avancerait guère dans l’Intelligence Artificielle. Le fait de quelques places fortes 
coince aussi les démons de la décentralisation, la criminalité en ligne et
le discours haineux. Ce type de considérations, même utilisé par les cyber-géants pour
refuser toute supervision, a son public parmi la Gauche dans les pays occidentaux.
Mais cela est particulièrement fort en Chine, car on cherche à se faire aider afin de

transformer le pays en cyber-pays de premier ordre.

Entre les deux se trouve un groupe universitaire en expansion qui veulent modérer
les géants par la gouvernance. Certains sont des Jeffersons, et voudraient voir le démantèlement d’entités qui auraient fusionnées récemment. D’autres des Hamiltons, demandant à certaines 
sociétés de partager leurs données.

Notre texte va se porter en premier lieu sur comment s’est opérée la centralisation,
pour ensuite revoir les trois courants tour à tour. Sans cacher nos sympathies Jefferson,
notre conclusion sera que pour dé-centraliser, tout en se servant de notions tirées des trois 
camps au besoin. Il n’y a pas de solution centrale.



Aucun commentaire: