source: The New Yorker, le 13 janvier 2014.
Tim Wiu, de la Columbia Law School, auteur de The
Master Switch.
traduction: GrosseFille
Le voyageur temporel et le smartphone
Sommes-nous en passe de devenir plus ou moins
intelligents? Au dire de Nicolas Carr - The Shallows:What the Internet is
Doing to our Brains- de 2010, le Web serait à la source de nos récents
reculs cognitifs, tandis que Clive Thomson, dans son livre qui vient de
paraître - Smarter ThanYou Think: How Technology Is Changing Our Minds for
the Better - défend que nos
technologies augmentent nos abilités. Afin d'appréhender la question, imaginons
la situation suivante:
Un voyageur temporel de bonne éducation en
partance de 1914 se retrouve dans une pièce séparée par un rideau. Un
scientifique lui demande d'évaluer l'intelligence de la personne de l'autre
côté en posant les questions de son choix.
Les questions du voyageur reçoivent réponse
d'une voix aux accents qu'il ne reconnaît pas(du vingt-et-unième siècle). La
dame de l'autre côté du rideau possède une mémoire extraordinaire. Elle sait,
dans un délai raisonable, réciter un
passage demandé de la Bible ou de Shakespeare. Ses talents pour l'arithmétique
sont extraordinaires - des problèmes difficiles sont résolus en quelques
secondes. Elle sait parler plusiuers langues étrangères,si même avec un accent
étranger. Des plus impressionant, elle sait décrite n'importequel endroit sur
la planète, vu du ciel. Elle peut aussi proposer des liens entre des concepts
apparament aléatoires, et si le voyageur pose une question telle 'Comment Dieu
peut-il être à la fois bon et omnipotent', elle sait proférer une réponse
théorique complexe.
À partir de ce Turing test nouvelle facture,
notre voyageur temporel pourrait bien entrevoir que, au cours du siècle
dernier, la race humaine avait atteint un nouveau niveau de superintelligence.
Se servant de language non-disponible en 1914 (car de John von Neumann) il pourrait bien conclure que l'humanité ait
atteint une singularité - un point d'intelligence incompréhensible à l'esprit
de 1914.
Bien sûr, la dame de l'autre côté du rideau
n'est qu'une parmi nous. C'est-à-dire une humaine madame tout - le - monde qui
aura augmenté les capacités de son cerveau à l'usage de deux outils: son
téléphone mobile et une connection Internet et ainsi, à des sites tels que
Wikipédia, Google Maps et Quora. Pour nous, cela n'a rien de remarquable mais
pour notre voyageur, elle est extraordinaire. Grâce à nos machines, nous sommes
des humains augmentés et des dieux prosthétiques, quoique nous soyions
terriblement blasés sur la question, comme pour tout ce qui nous est familier.
Privés de nos outils, le voudrait l'argument, nous devenons possiblement moins futés
que notre ami du début du vingtième siècle, qui savait mieux se concentrer,
pouvait lire et écrire le latin, et savait compter rapidement.
Le scénario du voyageur temporel démontre que
la façon dont on répondra à la questionà savoir si notre intelligence va en
augmentant dépendra de la classification du
'nous'. Voilà pourquoi Thomson et Carr concluent différemment: Thomson
juge le cyborg, et Carr l'homme sous-jacent.
Le projet de l'augmentation humaine se déroule
depuis cinquante ans. Il voit le jour au Pentagone, au début des années
cinquante, quand le psychologue J.C.R. Licklider, chargéde décider le
financement de projets futuristes, commence à s'intéresser à ce qu'il a
qualifié de symbiose homme-ordinateur. (Linklider a aussi proposé le financement
d'un propjet qui deviendra, essentiellement l'Internet). Licklider avançait que
la grande contribution de l'ordinateur serait d'améliorer les capacités
humaines, et donc il finança la recherche deDouglas Engelbart, auteur de Augmenting
Human Intellect qui proposait 'un nouveau et systématique moyen d'amélorer
l'efficacité intellectuelle chez l'individu'. Engelbart fonda ainsi le
Augmentation Research Center qui, dans les années soixantes, developa l'idée
d'une interface graphique basée sur un écran, un clavier, et une souris (à voir
dans The Mother of all Demos). Certains des chercheurs de la A.R.C.
travaillèrent plus tard aux bien-connus laboratoires du PARC Xérox. Les notions
d'interface du PARC se retrouvèrent chez Apple,et nous conaissons tous la suite.
Depuis ce temps, le véritable travail de la
computation ne s'est pas arrêté èa la création d'entités intelligentes
indépendantes (Hal, par example) mais, plutôt, à l'augmentation de nos cerveaux
dans leurs faiblesses. Les réussites, et le plus lucratif, reviennent à des
produits qui nous permettent d,accomplir des tâches autrement impossibles. Nos
mémoires de travail limitées nous rendent mauvais pour l'arithmétique, et
personne ne s'y plie actuellement. Nos mémoires ne sont pas toujours fiables,
et nous jouissons donc de supplément de storage.Le cerveau humain, comparé à l'ordinateur, est plutôt mauvais
dans l'établissement de réseaux, et nous bénéficions désormais d'outils tel
Wikipédia et Google Search, qui facilitent ce type d'interface.
Notre ami voyageur nous laisse entrvoir que ,
bien que le projet d'augmentation humain ait été couronné de succès, il y a un
prix à payer. La notion d'atrophie biologique fait peur, et il nous reste
toujours le terrible sentiment que notre cerveau auxiliaire n'est pas tout-à-fait
nous-mêmes. Mais ne nous y trompons pas: nous sommes devenus des créatures
différentes, évoluant de façon technologique plutôt que biologique, vers nous souhaitons bien, le mieux.
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