lundi 24 février 2014

Shakespearean


Pour qui voudrait apprécier le génie de William Shakespeare, même si
l’anglais n’est pas sa langue, et malgré la distance qui nous sépare de
la Renaissance, un moyen certain serait d’aller vers le Sonnets, petits
textes amoureux d’un grand charme. L’enseignement de Shakespeare les
ignore souvent, au profit des oeuvres théâtrales tonitruantes ou des
comédies romantiques qui ont fait le genre. C’est bien dommage; moi, ça
me plaît. Voici la Sonnet 27, tirée plus ou moins au hasard:

XXVII
  Weary with toil, I haste me to my bed,
  The dear respose for limbs with travel tir'd;
  But then begins a journey in my head
  To work my mind, when body's work's expired:
  For then my thoughts—from far where I abide—
  Intend a zealous pilgrimage to thee,
  And keep my drooping eyelids open wide,
  Looking on darkness which the blind do see:
  Save that my soul's imaginary sight
  Presents thy shadow to my sightless view,
  Which, like a jewel (hung in ghastly night,
  Makes black night beauteous, and her old face new.
    Lo! thus, by day my limbs, by night my mind,
    For thee, and for myself, no quiet find.


Si le sens du texte est clair, reste à en remarquer les aspects formels.
De quatorze ligne, l’accord des terminaisons se fait en a-b-a-b, c-d-c-d, e-f-e-f, g-g.
Le rythme se fait en cinq temps, faible-fort. Et la ligne 9 introduit une
volta ie une résolution, à la probématique établie dans les huits
premières lignes.

Donc notre poête serait amoureux, ou tout au moins évoquerait le sentiment.


jeudi 20 février 2014

dimanche 16 février 2014

Falafel

Voici une recette tirée du site du Dr Axe, diététicien et consultant à
l'équipe olympique américaine dont M. Phelps faisait partie. C'est pour
un Falafel santé. Plutôt appétissant, en fait.

samedi 15 février 2014

mardi 4 février 2014

Le Voyageur


source: The New Yorker, le 13 janvier 2014.

Tim Wiu, de la Columbia Law School, auteur de The Master Switch.

traduction: GrosseFille

Le voyageur temporel et le smartphone

Sommes-nous en passe de devenir plus ou moins intelligents? Au dire de Nicolas Carr - The Shallows:What the Internet is Doing to our Brains- de 2010, le Web serait à la source de nos récents reculs cognitifs, tandis que Clive Thomson, dans son livre qui vient de paraître - Smarter ThanYou Think: How Technology Is Changing Our Minds for the Better -  défend que nos technologies augmentent nos abilités. Afin d'appréhender la question, imaginons la situation suivante:

Un voyageur temporel de bonne éducation en partance de 1914 se retrouve dans une pièce séparée par un rideau. Un scientifique lui demande d'évaluer l'intelligence de la personne de l'autre côté en posant les questions de son choix.

Les questions du voyageur reçoivent réponse d'une voix aux accents qu'il ne reconnaît pas(du vingt-et-unième siècle). La dame de l'autre côté du rideau possède une mémoire extraordinaire. Elle sait, dans un délai raisonable, réciter  un passage demandé de la Bible ou de Shakespeare. Ses talents pour l'arithmétique sont extraordinaires - des problèmes difficiles sont résolus en quelques secondes. Elle sait parler plusiuers langues étrangères,si même avec un accent étranger. Des plus impressionant, elle sait décrite n'importequel endroit sur la planète, vu du ciel. Elle peut aussi proposer des liens entre des concepts apparament aléatoires, et si le voyageur pose une question telle 'Comment Dieu peut-il être à la fois bon et omnipotent', elle sait proférer une réponse théorique complexe.

À partir de ce Turing test nouvelle facture, notre voyageur temporel pourrait bien entrevoir que, au cours du siècle dernier, la race humaine avait atteint un nouveau niveau de superintelligence. Se servant de language non-disponible en 1914 (car de John von Neumann) il  pourrait bien conclure que l'humanité ait atteint une singularité - un point d'intelligence incompréhensible à l'esprit de 1914.

Bien sûr, la dame de l'autre côté du rideau n'est qu'une parmi nous. C'est-à-dire une humaine madame tout - le - monde qui aura augmenté les capacités de son cerveau à l'usage de deux outils: son téléphone mobile et une connection Internet et ainsi, à des sites tels que Wikipédia, Google Maps et Quora. Pour nous, cela n'a rien de remarquable mais pour notre voyageur, elle est extraordinaire. Grâce à nos machines, nous sommes des humains augmentés et des dieux prosthétiques, quoique nous soyions terriblement blasés sur la question, comme pour tout ce qui nous est familier. Privés de nos outils, le voudrait l'argument, nous devenons possiblement moins futés que notre ami du début du vingtième siècle, qui savait mieux se concentrer, pouvait lire et écrire le latin, et savait compter rapidement.

Le scénario du voyageur temporel démontre que la façon dont on répondra à la questionà savoir si notre intelligence va en augmentant dépendra de la classification du  'nous'. Voilà pourquoi Thomson et Carr concluent différemment: Thomson juge le cyborg, et Carr l'homme sous-jacent.

Le projet de l'augmentation humaine se déroule depuis cinquante ans. Il voit le jour au Pentagone, au début des années cinquante, quand le psychologue J.C.R. Licklider, chargéde décider le financement de projets futuristes, commence à s'intéresser à ce qu'il a qualifié de symbiose homme-ordinateur. (Linklider a aussi proposé le financement d'un propjet qui deviendra, essentiellement l'Internet). Licklider avançait que la grande contribution de l'ordinateur serait d'améliorer les capacités humaines, et donc il finança la recherche deDouglas Engelbart, auteur de Augmenting Human Intellect qui proposait 'un nouveau et systématique moyen d'amélorer l'efficacité intellectuelle chez l'individu'. Engelbart fonda ainsi le Augmentation Research Center qui, dans les années soixantes, developa l'idée d'une interface graphique basée sur un écran, un clavier, et une souris (à voir dans The Mother of all Demos). Certains des chercheurs de la A.R.C. travaillèrent plus tard aux bien-connus laboratoires du PARC Xérox. Les notions d'interface du PARC se retrouvèrent chez Apple,et nous conaissons tous la suite.

Depuis ce temps, le véritable travail de la computation ne s'est pas arrêté èa la création d'entités intelligentes indépendantes (Hal, par example) mais, plutôt, à l'augmentation de nos cerveaux dans leurs faiblesses. Les réussites, et le plus lucratif, reviennent à des produits qui nous permettent d,accomplir des tâches autrement impossibles. Nos mémoires de travail limitées nous rendent mauvais pour l'arithmétique, et personne ne s'y plie actuellement. Nos mémoires ne sont pas toujours fiables, et nous jouissons donc de supplément de storage.Le cerveau humain,  comparé à l'ordinateur, est plutôt mauvais dans l'établissement de réseaux, et nous bénéficions désormais d'outils tel Wikipédia et Google Search, qui facilitent ce type d'interface.

Notre ami voyageur nous laisse entrvoir que , bien que le projet d'augmentation humain ait été couronné de succès, il y a un prix à payer. La notion d'atrophie biologique fait peur, et il nous reste toujours le terrible sentiment que notre cerveau auxiliaire n'est pas tout-à-fait nous-mêmes. Mais ne nous y trompons pas: nous sommes devenus des créatures différentes, évoluant de façon technologique plutôt que biologique, vers  nous souhaitons bien,  le mieux.