lundi 27 février 2017

N.Howe

Washington Post (February 24)

auteur: Neil Howe
traduction: GrosseFille

Lectures

D'où viendraient les idées directrices de Steve Bannon? de mon bouquin.


Neil Howe est l'auteur, en collaboration avec  William Strauss, de Generations, The Fourth Turning, et Millenials Rising.

Les gros titres du mois en cours furent plutôt angoissantes. 'L'obsession de Steve Bannon pour
les théories noires de l'histoire devraient nous inquiéter' (Business Insider). 'Steve Bannon est d'avis
que l'Apocalypse se rapproche et que la guerre serait inévitable' (the Huffington Post). 'Steve
Bannon se prépare à déclencher la troisième guerre mondiale' (the Nation). Notion
courante de ces compte rendus , le stratégiste en chef du Président Trump aime la lecture
et le livre le plus influent sur ses idées directrices serait The Fourth Turning: An American
Prophecy.

Je suis - avec Wiliam Strauss - auteur de ce livre, paru en 1997. Et il est bien vrai que Bannon
lui porte fascination. In 2010, il a fait paraître un film documentaire, Generation Zero, bâti
sur notre avancée théorique que le déroulement historique en Amérique ( et in extensio, dans
la plupart des sociétés modernes) se présente en cycles à répétition d'ères couvrant quatre
générations. Partant que ce cycle comprend un moment de crise civique et politique - un dernier
quart de tour, en nos termes - la discussion à partir du livre a pris un tournant apocalyptique assez
ridicule.

Je ne suis pas un proche de Bannon. nous avons collaborer à divers projets de films,
y compris Generation Zero sur plusieurs années. J'admire sa grande intuition sur les questions
culturelles. Ses idées politiques, pas courantes, ne m'ont jamais choquées. J'ai été surpris
qu'il prenne la direction de Breibart pour y véhiculer les idées propes au site. À l'instar de
plusieurs, j'ai pris connaissance de la Alt-droite ( un mouvement de l'extrême droite lié
à Breibart et un programme vaguement Nationaliste blanc) par l'intermédiaire des médias.
Ni Strauss, décédé en 2007, ni moi n'avons influencé Bannon dans cette direction. Au pire
nous lui avons fourni une connaissance - que le populisme, le nationalisme et l'état autoritaire
seraint bientôt plus forts, non seulement en Amérique mais partout dans le monde.

N'ayant nullement chercher à nous introduire en politique, il nous fut surprenant de
constater la popularité du livre et à gauche et à droite. À la sortie du Fourth Turning,
nos fans les plus insistants issus du milieu politique se trouvaient chez les Démocrates,
qui pressentaient, à partir de notre description de la Génération millénaire ( un terme de notre cru)
des optimistres à vocation communautaire capable de porter l'Amérique vers des
idéaux progressistes. Mais voilà que nous avions aussi des fans chez les conservateurs,
qui portaient attention à un autre enseignement: que cette nouvelle ère pourrait
aussi voir un rapprochement de l'économie de gauche et des valeurs de droite.

Au delà de toute prise deposition idéologique, je m'imagine un tout autre motif pour
l'intérêt porté à notre livre. Nous récusons la prémisse de base des historiens modernes
occidentaux que le temps social pourrait être linéaire (un progrès ou déclin continu) ou
chaotique ( trop complexe pour répondre à quelconque direction). Nous adoptons plutôt
la façon de voir de presque toutes les sociétés traditionelles: que le temps social est
cyclique à répétition et les événements ne prennent de sens que dans la mesure qu'ils
répondent à l'exigence d'être ce que Mirea Eliade nommait des 'réconstitutions'. Dans l'espace
cyclique, ne reste qu'un nombre restraint de d'humeurs, qui ont tendance à s'enchaîner dans
un ordre fixe.

Le long de ce cyle, nous pouvons identifier quatre quarts de tour d'une durée d'une
vingtaine d'années - le temps d'une génération. Imaginons des saisons récurentes,
commençant par le printemps et finissant par l'hiver. À chaque tournant, naît une nouvelle
génération et les générations en place accèdent à la prochaine étape de vie.

Le début du cycle vient d'un premier quart de tour, un 'Haut' qui suit une période de crise.
Dans le Haut, les institutions sont fortes et les individus faibles. La société sait
ce qu'ellle veut, même si certains se sentent brimés par le conformisme. Plusieurs Américains
toujours en vie se souviennent du Haut-point qui a suivi la Seconde Guerre Mondiale aux États-
Unis (terme de William O'Neill), en coincidence des années de présidence de Truman, Eisenhower
et Kennedy. Des exemples moins récents seraient le Haut-point qui a suivi la Guerre Civile et
Victorienne de la croissance industrielle, et dun Haut-point post-Constitution de Républicanisme
démocrate et de l'Ère du bien-être.

Dans le Second quart de tour se produit un Éveil et les institutions seront attaquées au nom
de principes plus élevés et de valeurs fondamentales. La societé atteint un sommet de progrès
public, mais les gens en ont assez de toute cette discipline et souhaitent retrouver
un sentiment d'authenticité personnelle. Les jeunes gens se réclament de la foi, et non des
oeuvres. On pense ici à la fin des années soixantes et des années 70s. Certains historiens y voient
le quatrième ou cinquième Éveil de l'Amérique, selon que le premier se réfère à John Winthrop au
17ième siècle ou au 18ième et Jonathan Edwards.

Le Troisième quart de tour prend figure d'Effilochage, dans bien des aspects opposés
au Haut-point. Les institutions sont faibles et ne jouissent que de peu de confiance,
tandis que l'individualisme se renforce. Les décades d'un Troisième quart de tour telles les années
1990s, les 1920s et les 1850s sont frappantes de par leur cynicisme, mauvaises manières et
manque d'autorité. Les gouvernements reculent, et la spécualtion effrénée,
quand elle a lieu, prend des allures de délire.

En toute fin, le Quatrième quart de tour annonce une crise. Voilà que notre jeu
d'institutions se refonde de la base vers le haut en réponse à une menace à la
survie même. Si l'histoire n'est pas à même de fournir une telle menace, les chefs
du dernier quart de tour sauront invariablement en trouver - quitte à les fabriquer
de toute pièce - afin de mobilizer l'action collective. L'autorité civique renaît, et
les individus et les groupes s'offrent en tant que participants d'une collectivité
élargie. À la résolution de ces efforts Prométhéens, les derniers quarts de tour
rafraîchissent et redéfinissent notre identité collective. Les années 1945, 1865 et 1794
ont chapeauté des 'Ères fondatrices' de l'histoire Américaine.

Tout comme un Second quart de tour refait notre monde intérieur (valeurs, culture et religion),
un Quatrième quart de tour refait le monde extérieur (polique, économie et empire).

À partir de notre schème explicatoire, on peut se tourner vers l'avenir et suggérer qu'un
temps à venir - disons, une décade - sera semblable, dans l'essentiel de sa dynamique humaine,
à un temps passé. Dans The Fourth Turning, nous avons prédit que, à partir de 2005,  l'Amérique
connaîtrait sans toute une Grande dévaluation de ses marchés financiers, catalysant une entrée
dans une décade qui resemblerait aux années 1930s.

À mener une réflection sur la décade que nous terminons, on peut s'entendre que la
parallèle avec les 1930s est forte. Pour l'économie, les deux décades se jouèrent dand l'ombre
d'un crash financier à l'échelle de la planète, et furent marquées par une croissance économique
lente et désespérante et un sous-emploi chronique du travail et du capital. Les
deux ont connu des investisseurs tièdes, des peurs quand à la déflation, une inégalité
croissante et des banques centrales inaptes à relancer la consommation.

En géopolitique, nous avons vu une montée de l'isolation, du nationalisme et
un populisme de droite pour tout le globe. Le  géostragère Ian Bremmer avance que
nous sommes à l'heure d'un monde 'G-Zero', et c'est chaque nation pour elle-même.
Ce scénario semble l'écho des années 1930s, qui a vu l'affaiblissement des alliances
entre Grands et la propensité des régimes autoritaires vers des actions à
l'impunité terrifiante.

Du point de vue des tendances sociales, les deux décades montrent aussi des
parallèles; des taux de fertilité et de propriété à la baisse, une croissance de foyers
multigénérationels, plus de sens d'appartenance locale et d'identification communautaire,
une baisse dramatique de violence chez les jeunes (que notre Président ne semble pas
avoir remarquée) et une javelisation de la culture chez les jeunes. Plus que toute autre chose,
nous ressentons une préférence chez les électeurs partout pour des dirigeants capables
de commander autorité et livrer du concret plutôt que des promesses, des résultats plutôt que
des abstractions.

Nous évoluons dans une ère progressivement plus volatile et primaire, au cours de laquelle
l'histoire accélère et la démocratie libérale s'affaiblit. On se souviendra de Vladimir Lenin:
'Pendant certaines décades, il ne se passe rien;  pendant certaines semaines, il se passe des
décades.' Préparons-nous à la destruction créative d'institutions publiques, nécessaire
périodiquement dans toutes les sociétés pour débarasser ce qui est obsolète, ossifié et
dysfonctionnel - et replacer le jeu de la richesse et du pouvoir maintenant chez les vieux, vers les
jeunes. Les forêts ont besoin de feux périodiques; les rivières d'iondations. Ainsi pour les sociétés.
Voilà le prix d'une nouvelle ère dorée.

À contempler les rythmes de l'histoire, nous avons raison de prendre courage et non de
nous attrister de ces tendances. L'histoire Anglo-Américaine des siècles passés nous
présente des crises à intervalles passablement régulières, entre 80 et 90 ans, donc
la vie assez longue d'une personne humaine. Nous retrouvons cet intervalle entre
la Glorieurse révolution coloniale, la Révolution Américaine, la Guere Civile, et
la Grande Dépression suivie de la Deuxième Guerre Mondiale. Menons une avance rapide
de la valeur d'une longue existence humaine et nous nous retrouvons aujourd'hui.

L'Amérique a accéder à une Quatrième quart de tour en 2008. Probablement jusqu'en 2030.
Notre schème suggère un approfondissement des tendances à l'approche de son point
moyen.

Des évènements adverses à venir, soit une nouvelle crise financière ou un conflit
militaire majeur, sauront galvaniser l'opinion et mobiliser les dirigeants à prendre
dews actions décisives. Des montées de sentiment régional et de nationalisme
autour du globe pourraient menr à la fragmentation d'entités politiques majeures
(peut-être l'Union Européenne) et le déclenchement d'hostilités (peut-être dans la
Mer de Chine méridionale, la Péninsule Coréenne, les États de la Baltique ou du
Golfe Persique).

Malgré un récent mluvement isolationiste, les États-Unis pourraint se retrouver
en guerre. Je ne l'espère certainement pas. Ce n'est qu'une observation froide:
toutes les guerres totales aux Etats-Unissont l'oeuvre d'un dernier quart de tour,
et aucun Quatrième quart de tour n'a eu lieu sans une guerre. Les objectifs  des
États-Unis dans une telle guerre jouieraient d'une définition assez large.

À la fin des années 2020s, on verra un point culminant de la crise du Quatrième
quart de tour et un aboutissement. Il y aura négotiation d'ententes, de nouveaux traités,
un redéfinition de certaines frontières, et peut-être (comme ce fut le cas à la fin des années
1940s), on créera un nouvel ordre mondial durable. Peut-être aussi, d'ici les années 2030s,
nous aurons un nouveuau Premier quart de tout: Des jeunes famille heureuses, la fertilité à la
hausse, plus d'égalité économique, une nouvelle clase moyenne, de l'investissement publique vers
une nouvelleinfrastructure pour le 21ième siècle, et une prospérité ordonnée recommencera.

Pendant le prochain Premier quart de tour, potentiellement le prochainHaut-point Américain,
la génération millénaire saisira la direction nationale et saura démontrer son optimisme, son
intelligence, ses acquis et son assurance. Vers la fin des années 2030s,
le premier millénaire sera élu à la Maison-Blanche, certains y verront Camelot. Passeront
encore quleques années et ces miilénaires seront peut-être confrontés  à une attaque passionée et
terriblement inattendue de la part d'une nouvelle horde de jeunes gens.

Bienvenue au prochain Éveil. Le cycle de l'histoire tourne encore, inexorablement.


vendredi 24 février 2017

Silence

Un dicton chez les anglophones résume bien la situation:
'One man's heaven is another man's hell'. Bref, il est possible
que certains entretiennent des évaluations bien différentes
d'une même situation. J'ai l'impression que c'est un peu
ce qui se présente dans le débat sur le 'Fake news'.

L'article ci-bas, publié par le Telegraph - journal conservateur
de Grande Bretagne - donne raison au président Trump sur le
fait d'une situation invivable en Suède à cause de la présence
d'un grand nombre de refugiés. On se souviendra que plusieurs
ont  moqué le Président la semaine dernière sur ses propos sur la
Suède, y compris le gouvernement Suédois. L'article est signé, et
se pose donc pas comme factuel, mais bien comme opinion à
partir de faits mal admis. Ceci me semble une façon intéressante
de garder de l'ouverture sur certaines questions.

Car c'est plutôt grave. Face à l'arrivée de grands nombres d'exilés
en difficulté, parler de certaines choses peut rendre la vie plus
difficile et pour les  nouveaux, et pour la société d'accueil. Mais comme
le prétend l'article, certains silences peuvent aussi cacher de gros problèmes.

http://www.telegraph.co.uk/news/2017/02/23/wont-admit-stockholm-donald-trump-right-immigration-sweden/

mardi 14 février 2017

Financement

La Russie livre-t-elle une cyberguerre pour influencer
les élections dans les pays de l'Ouest.
Je me suis permise la section Premium du Telegraph
pour mieux comprendre. On pense finalement que divers services
du gouvernement russe seraient à l'oeuvre, mais sans coordination.
De la bureaucratie, quoi.

Sans doute, les partis de droite sont plus pro-russe . La Russie
de M. Poutine cherche à lever les sanctions qui l'accablent,
et à faire tomber la mouvance de défense de l'Otan Guerre Froide,
et le Président Trump trouve bien que l'Otan serait périmé.

On rapporte par ailleurs aujourd'hui que Marine Le Pen reçoit
du financement de banque russe, sans que personne ne s'en inquiète.
Mais la France conserve touours son indépendance diplomatique.
C'est à suivre...



source: The Telegraph