dimanche 14 octobre 2007

C'EST LA GUERRE!

GROSSE FILLE...FINI LA SOUFFRANCE...ADIEU LA SOLITUDE...NOUS SOMMES LÉGION!...

Oui, enfin un site qui explore le vécu obèse parce que c'est beau, c'est humain, c'est littéraire. Je vous raconte mon histoire et je veux la vôtre. Je ne suis pas la seule à la vouloir d'ailleurs; on va en reparler.

Parce qu' une fois adulte et 'guérie': on ne guérit jamais mais il est possible de garder un poids de mince, après maints efforts et beaucoup de travail sur soi. Donc même une fois guérie, je voulais toujours lire des livres sur l'obésité et je cherchais encore et toujours des histoires personnelles sur la mal-bouffe. Je trouvais tout à fait délicieux, un plaisir, de savoir qu'une ou l'autre avait mangé telle ou telle chose défendue et en profusion, qu'elle avait mal de vivre, qu'elle cherchait à étouffer tel ou tel sentiment ou expérience - car tout s'exprime dans le choix de la bouffe - et en rencontrant cet autre moi qu'était la personne obèse, je me sentais moins seule mais bien comme faisant partie de l'humanité, ou plus précisément, je faisais partie de la voix unique de l'humanité qu'est le sujet littéraire.

Les anglophones diraient que c'est mon secret. Et bien oui, et je le confesse, je le partage. Car à bien y réfléchir, il n'est peut-être pas si honteux.

Côté mangeaille: depuis mon réveil, j'ai bu du café noir et ai mangé une petite clémentine. J'ai fait l'épicerie et je me suis arrêtée manger un muffin aux pépites de chocolat avec un petit café noir. Rentrée à la maison (en bicyclette un 14 octobre), je suis tombée dans le pain aux raisins que j'ai accompagné de margarine oméga-3. Il est 11:25 a.m. et j'en suis là mais pas en danger de remanger pour un moment parce que quelques tranches de pain aux raisins, ça donne une petite sensation de boule dans l'estomac.

Je sais ce qui m'attend pour repas principal ce soir: un reste! Car j'ai préparé un repas-santé hier soir et la personne avec qui j'habite "avait mangé à trois heures" et "sept heures trente c'est trop tard pour manger ça ". Le ça en question: céleri, carottes, thon et pois chiche à la poêle sauce-soya, sur riz brun, avec fromage mou en brique orange. En fait un repas coupe-faim mais on n'en sert pas au restaurant. Donc, entre le pain aux raisins et le riz-brun spécial de la veille il y a une plage, un vide, un grand trou de temps et d'imaginaire. Je vous en redonne des nouvelles.

Ceux qui vomissent m'ont longtemps fasciné: l'idée ne m'est jamais venue mais je suis conservatrice dans bien des domaines; je manque peut-être de confiance en moi, en mon étoile. Bon, les obèses qui vomissent et qui pèsent quand même 100 kilos parce que les malheurs de Kate Moss je m'en balance.

Ne me dites pas qu'elle aussi est victime d'une société qui met l'accent sur les apparences et patati et patata. Non, non et non. Les minces on voulu la guerre, la voici.

Bing, je me sers un verre de fizz-diète et de jus d'orange, sur glaçon. Ça ressemble un peu à un Manhattan, d'apparence, mais c'est en fait très sage. J'ai soif, c'est tout. Buvez de l'eau du robinet, on nous dit. Non merci, j'ai quand même de l'imagination, moi. Bon si j'avais la force de ma situation ce serait sans doute un gin quelque chose, de la vodka. Je me souviens très bien que ces choses sont délicieuses mais je ne peux plus, je suis tout de suite étourdie et boire seule, ça fait pitié. Manger seule - en fait on ne l'est pas parce qu'on peut toujours lire, écouter la télé, un vidéo, un truc éducatif, rejoindre un chat - et puis quand on a bien mangé on dort, comme un bébé; bref, c'est acceptable. En fait à servir ses gadgets on est seule pas mal souvent, c'est devenu de mise du point de vue physique d'être seule. Donc, le boire, qui fait rigoler, tituber, chanter, et j'en passe, c'est dépassé. Saviez-vous que la vodka est une boisson faite à partir de pomme de terre; on le sait et on n'a plus soif. Une pomme de terre, c'est quand même banal. Je n'en boirais pas. Christophe Colomb aurait saoûlé la Russie: le sujet est vaste.